Bérénice de Roquemaurel

Appli-cultrice/

Un début de carrière prometteur dans la presse et les relations publiques… Puis, à 37 ans, Bérénice de Rocquemaurel décide de stopper sa progression, en dissonance avec ses aspirations. Elle a envie de faire une application pour les enfants. Et rêve maintenant d’inventer la suite.

Bérénice de Rocquemaurel est bien née et cela l’a en partie aidée. Elle a grandi à Paris et suivit sa scolarité à l’école Alsacienne. « En seconde, j’ai demandé à poursuivre mes études à New-York, explique-t-elle. Mon beau-père, artiste peintre, y avait un appartement. »

Amérique

La ville qui ne dort jamais l’électrise : « Il y a là-bas une telle énergie ! », reprend-t-t-elle. Bérénice passe son Bac au lycée Français de New-York, puis décide de poursuivre ses études supérieures aux États-Unis. « Les prix des universités étant très élevés, je me suis tournée vers l’Université Mc Gill à Montréal, au Canada. J’ai suivi des études générales avec, en majeur, histoire de l’art, et en option, sciences politiques et droit. » Elle y reste trois ans et demi, et le souvenir de cette période, 15 ans plus tard, reste vivace : « L’ambiance était internationale, nous étions tous ensemble : canadiens, coréens, camerounais… Ce brassage m’a beaucoup apporté.»

Aller-retour

Elle rentre à Paris à la fin de ses études. Elle débute comme stagiaire puis est embauchée en tant que journaliste culture au magazine Zurban.
Dans le même temps, elle rencontre Guillaume, devenu depuis son mari, alors étudiant à New-York en master de cinéma à l’Université de Columbia. Elle a 24 ans, elle quitte Zurban et part le rejoindre. Aidée par ses relations, elle trouve un poste au service iconographie du magazine ELLE américain. « Je prenais mon café Starbucks en bas du gratte-ciel puis je montais au 50e étage. C’était trippant.»

Relations presse

Le master de Guillaume fini, ils décident de revenir à Paris. Bérénice s’occupe des relations presse des parfums Frédéric Malle. « C’était fabuleux, s’exclame-t-elle. Frédéric est un homme modeste, talentueux, cultivé… J’ai beaucoup appris. Mais au bout de deux ans, j’ai commencé à m’ennuyer. » Elle quitte Frédéric Malle et rebondit à La Tribune et moi (supplément de La Tribune). Bérénice tient un an et part à nouveau. « Je suis très curieuse. J’ai besoin d’essayer plusieurs choses.»

Galerie

Avec ses connaissances en histoire de l’art et son appétence pour l’art contemporain, elle a envie de travailler dans une galerie. Elle est recrutée chez Guy Pieters. « Cela ne m’a pas plu, assure-t-elle. L’art doit rester une passion, non une marchandise. En plus, j’ai commencé par une exposition de Robert Combas : je ne peux pas vendre ce que je n’aime pas. » Qu’importe, Bérénice retourne chez Frederic Malle. « C’était chouette, j’y suis restée trois ans, un record ! » Mais l’ennui tapi revient au galop.

Pierres

« J’ai eu une opportunité chez le joaillier Boucheron pour gérer les relations presse avec le Japon et les États-Unis. Au début, c’était fabuleux : Je suis enthousiaste et suis même une formation pour apprendre les pierres. » Pourtant, Bérénice reste deux ans et demi et part en mai 2017 avec une rupture conventionnelle.

Dans les relations presse, le contact humain est devenu secondaire, le but est de remplir des tableaux : cela ne m’intéresse pas.

« J’ai réalisé que les relations publiques ne sont que de la publicité. Le contact humain est devenu secondaire, le but est de remplir des tableaux : cela ne m’intéresse pas.«

Hésitations

Bérénice doute. Son mari, qui a une société de production, commence à montrer des signes d’impatience devant l’instabilité professionnelle de son épouse. « Pourtant, il me soutient. J’ai toujours voulu avoir mon truc à moi mais Guillaume étant déjà indépendant, j’avais peur. »
Bérénice cherche ce qu’elle peut faire. Elle n’aime pas spécialement les écrans, mais reconnait que c’est le monde dans lequel nous vivons. Et puis, ses deux enfants, Marguerite, 9 ans, et Hector, 6 ans, sont souvent déçus par les activités de leurs tablettes. « L’offre pour les moins de dix ans est très pauvre : l’idée m’est alors venue de lancer une application. »

Witty

Bérénice se documente et apprend énormément : elle écrit le texte de l’application et fait appel à un développeur pour le code. Elle se prend au jeu et se met en quête d’un graphiste capable d’amorcer des dessins qui accrochent les enfants sans pour autant être enfantins. C’est toute la gageure de l’application dont la gestation durera un an.
« Witty le robot est une application pour les 5-9 ans qui leur permet de mieux apprendre, d’éveiller leur curiosité et de libérer leur imagination », explique Bérénice. Grâce à un sytème de reconnaissance vocale, Witty creuse un thème et stimule l’enfant de manière sensorielle par la parole, le visuel et le geste afin de le rendre acteur de son aprentissage. Premier thème abordé : les dinosaures. « Il n’existait rien de profond sur le sujet, raconte Bérénice. J’ai fait le choix du tyrannosaure pour pouvoir bien le comprendre. » 

Développement

Depuis novembre 2018, l’application est sur l’App Store en français et en anglais. « Maintenant, je fais mon boulot de RP pour moi », complète Bérènice.
Bérénice a loué un bureau dans un espace de coworking. « Je ne suis pas assez disciplinée pour travailler chez moi mais j’aime cette liberté de pouvoir gérer mon temps comme je l’entends.» Son objectif : gagner un peu d’argent avec Witty afin de pouvoir développer une deuxième application avec Witty sur un nouveau thème. Bérénice ne se voit pas reprendre un travail. Par contre, gérer une petite entreprise qui développerait des applications, elle l’imagine aujourd’hui très bien.

ET SI ÇA NE MARCHE PAS ?
« Je n’y pense pas. Cela va marcher. Le produit est vraiment bon. Je suis très fière de ce qu’on a fait. »

L ‘appli est disponible sur l’AppStore
www.wittytherobot.com